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Page couverture de Canada
West
1923
Clifford Sifton, ministre de l'Intérieur de
1896 à 1905, est l'instigateur du plus grand
projet d'immigration de l'histoire du Canada. Grâce
aux efforts qu'il déploie, le ministère
de l'Intérieur distribue des dizaines de milliers
de brochures semblables à cet atlas de 30 pages
sur l'Ouest canadien. On y parle des possibilités
qui s'offrent aux personnes qui immigrent dans l'Ouest
canadien et des lots de colonisation gratuits qu'elles
peuvent obtenir. Le style est flamboyant, spectaculaire
- sans parler des exagérations - et rappelle
un peu les représentations itinérantes
de charlatans.
[Pour en savoir plus]
Grâce à une campagne de propagande
énergique, Clifford Sifton espère saturer
les États-Unis et l'Europe d'opinions favorables
sur l'Ouest canadien. On envoie des agents d'immigration
canadiens dans des agglomérations européennes
importantes et on paie les frais de voyage de journalistes
étrangers afin qu'ils puissent venir voir de
leurs propres yeux les « meilleures terres de l'Ouest »
et les belles perspectives d'avenir
qu'elles offrent.
Le seul objectif de Clifford Sifton consiste à
peupler l'Ouest et sa politique est simple : seuls
les fermiers sont les bienvenus. Selon lui, l'agriculture
est la base de l'économie canadienne et tout
le reste dépend du succès de cette activité.
À son avis, les meilleurs agriculteurs européens
viennent des régions du Nord - la Grande-Bretagne,
la Scandinavie, l'Europe de l'Ouest et de l'Est -
tandis que les moins recommandables viennent du Sud.
Il a du mépris pour les Européens du
Sud, les Italiens en particulier, parce que ces travailleurs
migrants préfèrent s'installer dans
les agglomérations urbaines plutôt que
s'aventurer dans les régions rurales. Cependant,
il favorise l'immigration des habitants de l'Europe
de l'Est, car il considère les immigrants de
cette région comme des personnes travailleuses,
dociles et vouées à l'agriculture. « Je
pense qu'un paysan costaud vêtu d'un manteau
en peau de mouton, qui est né à la campagne,
dont les ancêtres sont fermiers depuis dix générations
et qui a une femme robuste et une demi-douzaine d'enfants,
est un être de bonne qualité »,
affirme-t-il. [Traduction]
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