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Commission royale d'enquête sur l'avancement des arts, lettres et sciences au Canada
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LE BESOIN DE MULTIPLIER LES ÉCHANGES*

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21.   Les personnes aptes à exprimer une opinion éclairée reconnaissent généralement qu'il serait possible d'amplifier de beaucoup l'activité du Canada à l'étranger, dans les domaines de l'information et des échanges d'ordre culturel. Beaucoup de nos missions, même importantes, n'ont pas encore d'attachés d'information. Aux États-Unis, la nomination d'autres attachés de presse, bien choisis, aiderait sûrement à mieux faire connaître le Canada dans ce pays. Il faut davantage de textes imprimés et polycopiés, publiés en un plus grand nombre de langues. Actuellement, les documents destinés aux enfants et aux écoles sont insuffisants. À Londres, il faut remplacer le Canada Weekly, périodique utile qui, dernièrement, a cessé de paraître. On a proposé un périodique du genre de South West Pacific, que publie le gouvernement australien. En outre, il faudrait enrichir les bibliothèques, beaucoup trop pauvres, de nos missions. Actuellement, elles ne renferment que des ouvrages de documentation et de référence.

22.   On nous a fait observer que les missions canadiennes pourraient utiliser plus de films et plus de copies des films actuellement disponibles. En outre, un mode de distribution plus efficace s'impose. Même les grandes missions n'ont pas de fonctionnaire spécialement formé en vue de ce travail. Si le ministère pouvait accroître son personnel à cette fin, s'il pouvait y consacrer une somme égale aux $50,000 que prévoit le budget de l'Office national du film pour la distribution internationale, il pourrait accomplir une tâche beaucoup plus efficace. Il serait avantageux aussi d'étendre les services qui distribuent actuellement des photographies et des documents illustrés.

23.   Cependant, toutes ces questions se rapportent, en somme, aux services d'information. Le problème qui a le plus retenu notre attention, est celui de l'accroissement des échanges culturels. Du point de vue politique, ces échanges sont précieux, en ce qu'ils font mieux comprendre notre pays aux autres, et, comme nous l'avons signalé, ils sont importants aussi pour aider à l'évolution régulière de la vie culturelle au Canada même. Nous avons entendu parler, de diverses sources, du travail accompli dans ce domaine, et nous sommes forcés de conclure que nos échanges culturels n'ont pas dépassé le stade élémentaire, pour ne pas dire qu'ils sont inexistants.

24.   Les échanges qui se rapportent à l'enseignement sont peut-être les plus courants et les mieux connus et suscitent l'intérêt le plus général. Dans un chapitre antérieur, nous avons parlé des échanges d'hommes de science, qui relèvent du Conseil national de recherches. Le ministère des Affaires extérieures, qui s'occupe dans cet ordre de choses des requêtes reçues de l'extérieur et s'efforce d'y répondre, se tient à cette fin en contact avec divers ministères fédéraux, avec les ministères provinciaux de l'Instruction publique et avec des associations non gouvernementales. Par malheur,

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dans le domaine plus général des demandes de renseignements relatives à l'enseignement au Canada, nous ne sommes pas en mesure de répondre promptement et efficacement. Il n'existe pas d'organisme central qui soit chargé de réunir, par exemple, des données sur le coût de la vie au Canada pour les étudiants étrangers, sur les exigences en matière de scolarité, sur les bourses et chaires accessibles, sur les avantages et spécialités de telle ou telle institution, et sur d'autres questions connexes.

25.   Les dispositions que nous avons prises en vue des échanges dans le domaine de l'éducation comportent encore d'autres lacunes importantes. Tout d'abord, le Canada ne fait toujours rien d'officiel pour ce qui est des bourses d'études, même si certains particuliers, certains groupements et certains gouvernements provinciaux en offrent, pour leur part, aux étrangers qui viennent étudier chez nous. Cette ligne de conduite, ou plutôt cette absence de politique, peut s'expliquer par des motifs d'ordre constitutionnel, mais, aux yeux des représentants de pays amis, une réponse toujours négative paraîtra dictée soit par une modestie excessive à l'égard de nos institutions d'enseignement, soit par l'indifférence à l'endroit des bienfaits résultant de ces échanges.

26.   L'anomalie de la situation actuelle s'aggrave du fait que, chaque année, des Canadiens se rendent en grand nombre dans d'autres pays, grâce à des bourses distribuées par des gouvernements généreux. Nous avons traité ce sujet avec quelque précision, dans notre étude sur les bourses, au Chapitre XIII. Inutile de revenir sur la générosité américaine, mais peut-être peu de Canadiens savent-ils que nous recevons également des bourses et des allocations de voyage des gouvernements de la France, de la Grande-Bretagne, de l'Argentine, du Brésil, de la Suède et de la Suisse. Deux de ces pays, cependant, ont mentionné la difficulté qu'il y avait à verser des subventions en l'absence, au Canada, d'une organisation nationale chargée d'en assumer la responsabilité, d'aider au choix des candidats et de s'occuper des autres éléments essentiels de la procédure. Le ministère des Affaires extérieures n'est guère en mesure d'accomplir cette fonction, encore qu'il ait fourni toute l'aide possible et qu'il se soit récemment assuré la collaboration de la Conférence nationale des universités canadiennes.

27.   L'absence d'un organisme national d'information sur l'éducation limite aussi d'autres échanges, comme les conférences d'étude internationales, les échanges de professeurs et les échanges d'étudiants. Nous l'avons déjà rappelé, le ministère a fourni quelque assistance à cet égard, mais cette aide était nécessairement restreinte, non seulement par le manque de renseignements et de fonctionnaires spécialement qualifiés, mais aussi par l'inexistence des fonds et des rouages nécessaires pour assurer les services souhaitables. Dans cet ordre de choses le Canada a besoin et d'un organisme coordinateur et de fonds. En conséquence, c'est avec un

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intérêt tout particulier que nous avons appris que certains fonctionnaires envisagent de faire servir, à des projets d'ordre éducatif et culturel, une partie des fonds canadiens «  gelés » en France, en Italie et en Hollande. Si l'idée est réalisable, elle permettrait de donner à des gradués, à des instituteurs et à des professeurs canadiens les moyens de poursuivre leurs études ou des travaux dans trois au moins des pays où nous détenons la plus forte proportion de nos crédits « gelés  ». Dans le même ordre d'idées on pense aussi à la possibilité d'encourager ainsi des artistes et des conférenciers canadiens et de favoriser la participation des nôtres aux conférences de caractère culturel, de nature semi-officielle, qui se tiennent dans les pays mentionnés plus haut. La somme des fonds canadiens « gelés » dans les pays d'Europe est considérable. Nous espérons donc qu'on trouvera approprié d'en distraire une partie pour stimuler ces échanges culturels qui fortifieraient le prestige du Canada outre-mer et qui seraient tellement profitables aux citoyens canadiens eux-mêmes.

28.   Le manque d'argent et l'absence d'un organisme approprié entrave d'autres formes d'échanges dans le domaine des arts, des lettres et des sciences. On convient qu'il faudrait envoyer dans les missions et offrir en cadeaux aux institutions étrangères une plus grande quantité de tableaux, de sculptures et de livres canadiens; qu'il faudrait encourager musiciens et conférenciers, ensembles musicaux et troupes de théâtre à faire des tournées à l'étranger; qu'il faudrait donner aux savants de marque l'occasion d'assister aux réunions internationales; et qu'il faudrait inviter tous les pays intéressés à nous rendre la pareille. Il ne se fait rien ou presque rien dans ce domaine, mais cela ne tient pas uniquement au manque d'argent. Si l'on disposait de fonds publics, il faudrait, évidemment, les dépenser avec le plus grand soin et la plus grande prudence, mais actuellement, tout comme nous n'avons pas d'organisme capable de fournir renseignements et conseils sur tous les aspects pratiques du régime d'enseignement au Canada, nous n'avons pas non plus d'institution nationale qui soit en mesure de es [sic] prononcer, avec autorité et en connaissance de cause, sur la question de plus en plus importante des échanges culturels. Le développement des échanges internationaux dans le domaine des arts, des lettres et des sciences augmenterait le prestige du Canada à l'extérieur. Il assurerait à l'artiste créateur un vaste marché d'exportation et enrichirait, en retour, l'apport culturel que les Canadiens recevraient de l'étranger.

INITIATIVES CULTURELLES DU COMMONWEALTH

ET D'AUTRES PAYS

29.   Le Canada, nous l'avons déjà dit, retarde à cet égard sur le reste du monde. Que cela nous plaise ou non, l'information et les relations culturelles deviennent de plus en plus, de nos jours, un élément essentiel de la politique étrangère. Ce sont les dictatures qui, ces dernières années, ont accéléré le mouvement en ce cens. Les pays démocratiques suivent leur

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exemple, en partie parce qu'ils tiennent compte de circonstances qui rendent nécessaire et souhaitable en soi une telle activité et, en partie, parce que seule la vérité, disséminée efficacement et abondamment par tous les moyens possibles, peut détruire la propagande de l'erreur.

La Grande-Bretagne

30.   La Grande-Bretagne, autrefois célèbre pour sa tradition du laisser faire, compte parmi les pays qui, depuis quelque temps, se sont mis en tête de ces mouvements. Il ne s'agit pas là d'une politique liée au sort d'un parti; la ligne de conduite actuelle, établie avant le dernier conflit, a été suivie, comme si cela allait de soi, par des gouvernements de couleurs politiques différentes. La Grande-Bretagne affecte aujourd'hui plus de seize millions de livres sterling par an aux services d'information et de culture, dont plus de onze millions aux services d'outre-mer.

31.   En plus d'affecter des fonds à l'information, la Grande-Bretagne a entrepris, dans le domaine culturel, une expérience intéressante dont on ne trouve pas la contrepartie au Canada. Il s'agit du British Council. Fondé en 1935, grâce à des subventions de l'État, il fut constitué en société en 1940 et il émarge aujourd'hui entièrement au trésor public, qui lui a versé, pour 1950-1951, la somme de £2,226,000. Le Council a pour objet de répandre à l'étranger la connaissance de la langue, de la culture anglaises et, particulièrement, de favoriser le resserrement des liens culturels avec les autres membres du Commonwealth. Il est manifeste que le British Council est organisé de manière à éviter l'excès de bureaucratie et, sans renoncer à l'appui de l'État, à conserver à son activité un caractère bénévole et spontané. Il compte deux cents membres et bénéficie de l'appui de conseils consultatifs. Toutefois le gros du travail réel est exécuté par une commission exécutive de trente membres, dont neuf sont désignés par des ministères. Bien que le Parlement contrôle ses dépenses, il jouit d'une grande liberté d'action et est entièrement dégagé de toute contrainte ou de toute intervention de caractère politique.

32.   L'activité du Council est multiple et variée, tout en restant conforme à son objectif général qui est de faire connaître le peuple britannique à l'étranger en présentant ses initiatives culturelles comme un reflet de ses institutions nationales et sociales. Il parvient donc à faciliter la sympathie et la compréhension en s'écartant du point de vue trop exclusivement économique et politique, qui était auparavant la seule voie d'approche en usage. Il est divisé en sections de l'éducation, des sciences, des beaux-arts, du théâtre, de la musique et des imprimés; il bénéficie de l'aide de comités bénévoles dont les fonctions correspondent plus ou moins à celles de ces sections.

33.   On favorise l'enseignement de l'anglais par des cours spéciaux donnés tant à l'étranger qu'au pays même, et par des bourses grâce auxquelles des professeurs venant d'autres pays peuvent étudier en Angleterre. Les séjours

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en Grande Bretagne sont organisés à tous les niveaux et dans tous les domaines, depuis ceux d'artisans qui vont y suivre des cours de trois semaines jusqu'à ceux d'artistes ou de savants célèbres dans le monde entier. On s'occupe de mille façons des visiteurs, ainsi que des étudiants des colonies et, à Londres même, de tous les étudiants d'outre-mer. Le Council aide aussi à distribuer des bourses offertes par d'autres nations à des étudiants britanniques. Il organise encore les tournées de troupes d'acteurs, de musiciens, de conférenciers de toutes sortes et, en général, des représentants les plus distingués de la culture britannique.

34.   Outre ces échanges de personnalités, le Council assure une distribution importante, de livres et périodiques, — notamment un certain nombre de ses propres publications, — de musique imprimée, de disques et de films, ainsi que l'exposition d'originaux ou de reproductions d'œuvres d'art. Les documents publiés par l'organisme lui-même portent sur une foule de sujets, mais plus particulièrement sur le progrès des sciences. La distribution est assurée de diverse façon, mais surtout grâce à l'établissement de British Council Centres, établis dans la plupart des pays du monde, à quelques notables exceptions près. Parmi ces dernières, on compte les États-Unis et le Canada qui, seul parmi les pays du Commonwealth, n'a pas de représentant à demeure du British Council.

La France

35.   L'histoire des échanges ou des exportations culturelles de la France est beaucoup plus longue. Depuis la grande époque du XVIIe siècle, la France peut se vanter avec raison d'avoir été le centre du savoir et de la science pour l'Europe et les pays au-delà des mers. Elle reste fidèle à cette tradition, encore que les circonstances internationales l'aient contrainte de diminuer un peu son activité dans certains pays. Avant 1914, cette activité ressortissait surtout au ministère de l'Instruction publique, mais, dans l'entre-deux-guerres, elle a été confiée à celui des Affaires étrangères. C'est surtout sur l'éducation qu'on mettait l'accent. On envoyait des professeurs français dans les universités étrangères; on a fondé des lycées français et des écoles primaires en dehors de France, et créé des Instituts français dans certaines capitales, en Europe et ailleurs. On a aussi organisé des tournées de professeurs, d'artistes ou de musiciens, et offert des livres à des institutions disséminées dans le monde entier.

36.   Depuis 1945, cette œuvre a pris de l'ampleur et ressortit exclusivement à un directeur général des relations culturelles. Les Instituts français à l'étranger servent de centres, non seulement pour l'activité éducative, mais pour la mise en œuvre d'un programme grâce auquel des professeurs français, bénéficiant parfois de subventions supplémentaires de leur gouvernement, enseignent dans les universités des pays où se trouvent les Instituts. Les lycées français à l'étranger fonctionnent en étroite collaboration avec les institutions d'enseignement des pays où ils ont été

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fondés. On organise des tournées de conférences avec le concours de l'Alliance française. On prévoit aussi des expositions ambulantes, des tournées de corps de ballet, d'orchestres symphoniques ou d'exécutants isolés. Enfin, universités et bibliothèques reçoivent de généreux dons de livres.

Les États-Unis

37.   Ce n'est que tout dernièrement que les États-Unis ont adopté un programme officiel d'échanges culturels, mais certains groupements bénévoles avaient déjà accompli une œuvre importante en ce domaine. À l'heure actuelle, plusieurs d'entre eux reçoivent des subventions de l'État, et le Département d'État lui-même participe directement à plusieurs initiatives. En 1949-1950, il a consacré environ 27 millions à l'exécution de projets d'éducation et d'information, et, en outre, une somme de six millions, dont l'affectation a été décidée après consultation de l'Advisory Commission on Education Exchange. Il semble que le caractère fédéral de la constitution américaine n'ait en rien gêné les échanges dans le domaine de l'éducation. En une année, récemment, 935 étudiants d'autres pays sont venus aux États-Unis et 1,891 étudiants américains sont allés poursuivre des études à l'étranger, en vertu de divers programmes d'échanges.

38.   Ne nous étonnons pas que la plupart des étudiants américains qui ont profité de cette initiative aient été des techniciens. Il reste que, dans le domaine culturel, le gouvernement américain a créé 30 centres dans 18 pays, 67 bibliothèques et 34 salles de lecture dans 60 pays. Parmi les nouvelles mesures dans le domaine des échanges éducatifs, signalons le déblocage des avoirs américains retenus à l'étranger, dans le dessein de fournir les fonds pour les échanges d'étudiants. Des fonctionnaires du gouvernement canadien ont étudié un projet analogue comme nous l'avons dit plus haut.

Autres pays

39.   Le Canada vient sûrement très loin derrière les grandes nations occidentales dans le domaine des échanges culturels. D'autre part, il est plus difficile de comparer son activité à celle des autres pays moins importants du Commonwealth ou de pays étrangers d'une importance à peu près égale à la sienne. Nous savons néanmoins que le seul Service d'information australien, dont le budget annuel est de 351,000 livres australiennes, possède des bureaux à Londres et à New-York, et assure une intense diffusion de renseignements au moyen de la radio, des films, de photographies (il existe à Londres une collection australienne de 40,000 photos), de livres et de périodiques, y compris trois revues traitant de la vie en Australie, ainsi que de l'économie et de la culture du pays. Son service de radiodiffusion transmet des émissions sur ondes courtes vingt-deux heures par jour en cinq langues.

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40.   De plus petits pays, en dehors du Commonwealth, se préoccupent de plus en plus de la question. En 1950, la Belgique a dépensé $155,937 soit 7.7 p. 100 de son budget des Affaires étrangères, au titre de l'activité culturelle, par l'intermédiaire de ses missions à l'étranger et de centres d'information à New-York et à Londres. La Division culturelle du ministère des Affaires étrangères du Brésil bénéficie d'un budget annuel de $200,000 et possède des Instituts culturels dans les pays de l'Amérique latine. Elle distribue également 170 bourses à l'étranger, dont trois vont à des étudiants canadiens. Au moyen d'une soixantaine d'accords culturels intervenus avec d'autres pays, elle favorise les échanges de livres, de périodiques, d'expositions, d'artistes, de conférenciers, ou d'autres échanges du même genre. La Suède, de son côté, possède un Institut des relations culturelles de cent membres, dont la moitié sont nommés par l'État et l'autre par des organismes particuliers. Grâce à des subventions officielles et privées, cet institut cherche à donner à l'étranger une connaissance précise de la Suède et de la culture suédoise. Il fonctionne directement et par l'entremise de succursales situées à Londres, Paris et New-York.

OPINIONS ET PROPOSITIONS DE NOS SOCIÉTÉS BÉNÉVOLES

41.   Il est donc manifeste que, dans cet important domaine de l'activité nationale, le Canada retarde sérieusement sur d'autres pays démocratiques, y compris des pays à la population et aux ressources moins considérables. L'insuffisance des échanges culturels du Canada n'a pas échappé à certains groupements bénévoles de chez nous qui, en formulant des commentaires à ce propos, ont insisté sur les avantages que les artistes et savants canadiens, ainsi que toute la population, retireraient d'un appui officiel plus généreux aux échanges culturels. Ces groupements ont préconisé l'adoption d'un programme plus vigoureux de relations de ce genre avec l'étranger.

42.   On nous a laissé entendre que les missions diplomatiques devraient comprendre dans leur personnel des attachés culturels. Ces représentants, suggérait-on, pourraient servir aussi de préposés à l'information. En outre, il a été recommandé que nos missions à l'étranger présentent d'une façon systématique les réalisations artistiques et industrielles du Canada en se fournissant de meubles canadiens, en exposant des tableaux et des sculptures de nos artistes, en conservant des collections de livres et de disques canadiens. Le gouvernement fédéral, nous a-t-on dit, devrait acheter des œuvres d'art en grand nombre, dans le dessein de les offrir à des institutions étrangères.

43.   On a souligné aussi l'importance de faciliter les échanges personnels de diverses façons, notamment grâce à une aide ou à des garanties pécuniaires accordées aux groupes musicaux ou dramatiques, aux conférenciers et musiciens en tournée, aux savants et lettrés canadiens qui devraient

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assister plus souvent aux réunions des sociétés savantes. Les Canadiens qui, à leurs propres frais, assistent à ces réunions ne peuvent, nous a-t-on signalé, déduire ces frais de leur feuille d'impôt sur le revenu que si la réunion a lieu aux États-Unis. Même dans ce cas, ces déductions ne sont permises qu'aux hommes des professions libérales qui sont autorisés à ajouter ces sommes aux déboursés qu'entraînent leurs affaires. On a proposé aussi d'accorder quelque encouragement, financier et autre, aux associations internationales qui aimeraient tenir leurs réunions au Canada. On a formulé également diverses observations sur l'importance des échanges internationaux au moyen de bourses d'études.

44.   Les sociétés bénévoles ont aussi demandé un plus grand nombre d'expositions artistiques de tous genres. Elles ont déploré l'indifférence officielle à faire connaître et à diffuser à l'étranger les livres canadiens. Enfin, elles ont proposé deux sortes de centres culturels. Il faudrait, à leur avis, organiser des bibliothèques, des musées, des manifestations musicales et des expositions ici-même dans nos parcs nationaux, à l'intention des touristes et autres visiteurs, et établir, à Londres et à Paris des "Instituts canadiens".

FACTEURS QUI LIMITENT LES ÉCHANGES CULTURELS

45.   Étant donné le vif intérêt que suscite, dans tous les milieux, l'encouragement à donner aux échanges culturels, pourquoi le Canada a-t-il si peu fait ? Trois raisons ont été invoquées. La première, mais non la moins importante, c'est que le Parlement ne fournit pas les crédits nécessaires. Nous reviendrons là-dessus à la deuxième partie. On a avancé deux autres raisons, dont nous avons déjà dit un mot au présent chapitre. Nous n'avons pas d'organisme central qui, bien informé lui-même en matière d'éducation, pourrait renseigner les Canadiens sur tous les aspects de l'enseignement à l'étranger qui sont de nature à les intéresser. C'est dire que nos ministères eux-mêmes ne peuvent que très difficilement réunir les données qu'il leur faudrait posséder pour accroître les échanges dans le domaine de l'éducation. Point n'est besoin d'ajouter que ces ministères, qui ne sauraient se passer de l'opinion des groupements représentatifs, seraient heureux de connaître leur point de vue. Il existe des groupements intéressés à tous ces aspects pratiques du régime éducatif au Canada, mais l'absence d'un bureau central de renseignements et le manque d'argent gênent leurs initiatives.

46.   De même, il n'y a pas, au Canada, un organisme central qui, connaissant à fond la vie intellectuelle et culturelle du Canada, puisse donner des conseils avisés et compétents au ministère des Affaires extérieures. Certaines associations ont beaucoup fait pour favoriser les échanges culturels, ainsi que nous l'avons déjà noté. Nous avons aussi entendu le témoignage de groupements ne disposant que de faibles moyens d'action,

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ainsi que de particuliers débordés par toutes les demandes de renseignements qui leur parvenaient souvent par l'entremise du ministère des Affaires extérieures. Groupements et individus font ce qu'ils peuvent avec les moyens dont ils disposent, mais, parfaitement conscients de l'insuffisance de leurs efforts, ils sont les premiers à reconnaître qu'ils n'ont pas qualité pour parler au nom du Canada. Ce qui s'impose surtout, apparemment, c'est un appui financier et la coordination des efforts. Dans la deuxième partie du présent Rapport, nous formulons des recommandations à ce propos.

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*Extrait de : Canada. Commission royale d'enquête sur l'avancement des arts, lettres et sciences au Canada. Rapport. Ottawa : Imprimeur du roi, 1951. Reproduit avec la permission du Bureau du Conseil privé.

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